Coup dur pour Kakeru - ft. Meyuki

S'entraîner. Se donner à fond. Commencer à voir des résultats. Repousser ses limites. Triompher.

C'est ce que j'aimais dans le sport . Et le sport me le rendait bien ... Enfin , normalement.
Toute ma vie , je m'étais considéré naturellement doué pour le sport. Ou plutôt , tout le monde me considère ainsi , puisqu'il s'agit de la vérité. Que ce soit le sport individuel , où je pouvais briller aisémenr , ou dans les sports collectifs , où l'esprit d'équipe et la camaraderie m'animaient. Bien évidemment , rien ne vient jamais gratuitement , et comme tout le monde , j'ai eu des efforts à faire. Des efforts que j'entreprenais avec discipline et plaisir.  Mais ils finissaient toujours par payer plutôt rapidement.

Là , ce n'était pas le cas. Un simple bond allait vraiment fini par avoir raison de ma patience. Le problème , c'est que ce stupide bond , je ne pouvais pas juste le ragequit comme une vulgaire game de Dark Souls. Il faisait partie intégrante du Heian Godan , et j'avais besoin de maîtriser ce satané kata pour pouvoir espérer changer de grade un jour.

Plus que la diifficulté , que j'accueille toujours avec philosophie , c'était la stagnation qui me minait le moral. Ca me foutait vraiment en rogne , de tout donner et de finir chaque séance à cracher mes poumons , pour toujours la même conclusion : je n'arrivais pas à stabiliser le saut . Ce qui était encore plus rageant quand on prenait en compte le fait qu'il intervenait vers la fin du kata et que jusque-là , tout allait à peu près bien , même si je savais qu'il y avait encore indéniablement du travail sur la position des pieds .

Mardi 5 Décembre 2017.  17h30. Encore une séance qui n'avait servi à rien , à part à m'épuiser . Celà faisait des semaines que ça durait. Et ça ne pouvait plus durer , au vu de mon état. Je commençais à ressembler à un lapin sous acides , à bondir inlassablement et manquer de me rétamer en continu - en me foulant presque la cheville au passage - . Ma foutue fierté m'avait convaincu que je pouvais gérer ça seul , mais je devais me rendre à l'évidence : ce n'était pas le cas. J'avais besoin de l'aide de quelqu'un de plus compétent que moi.  Et demander de l'aide était pour moi presque aussi difficile que ce saut de mort. Je savais que je devais travailler sur ce point , mais c'était une observation que je repoussais toujours à plus tard dans les tréfonds les plus sombres de ma mémoire.

Cela faisait quelques séances que je l'observais du coin de l'oeil à la fin du cours avant de me dégonfler. Je suis quoi , un putain de lycéen énamouré? Secoue-toi mon vieux ! C'est vrai que ça n'aidait pas que le président du club était en fait une présidente . N'allez pas m'attribuer des pensées machistes ! Je n'aimais juste pas admettre mes faiblesses , en particulier devant une fille mignonne... Surtout qu'à part les habituels saluts en début et fin de séance et les nécéssités techniques - bon , et quelques blagues vaseuses par-ci par-là , je l'admets - , je ne lui avais jamais vraiment adressé la parole. Je prends une grande inspiration et m'approche d'elle. Trop tard pour me dégonfler maintenant.

- T'as besoin d'aide pour ranger ? proposais-je casuellement en lui souriant , voyant que personne d'autre ne semblait vouloir mettre la main à la pâte aujourd'hui. Une occasion parfaite. Je n'attendais pas de réponse et commençait à m'atteler à la tâche de réajuster les tatamis.


- Au fait , je me demandais ... t'as un peu de temps , là ?continuais-je , toujours du ton le plus innocent possible. Malheuresement , je ne te fais pas l'honneur de te proposer un date au café du coin ....   plaisantais-je , bien que je n'aurais rien contre un rendez-vous avec elle. On reste pro , mon grand. J'aurais juste besoin de quelques conseils techniques . J'ai un peu de mal avecle Heian Godan , en particulier le saut , et je me demandais si tu aurais quelques astuces à me donner.

Un peu de mal ? C'était le moins qu'on puisse dire , mais j'étais déjà sorti de ma zone de confort là , il faut pas m'en demander trop non plus.

J'haussai le sourcil dans une attitude dubitative et surprise et soufflai du nez avec un peu d'amusement. Heureusement qu'Harada s'était déjà retournée.

- T'inquiète pas , je risque pas de décoller bien loin. faudrait déjà que j'arrive à prendre ce fameux "envol".

On m'avait souvent dit que j'étais le genre de personne qu'il était facile de lire , que je ne savais pas masquer mes émotions et que j'étais un peu trop expressif. Mais ce bégaiement et ce soudain besoin de prendre de l'eau, c'était quoi ? Se pourrait-il que je lui plaise ou bien est-ce que mon ego me jouait des tours ? Ce ne serait pas non plus tiré par les cheveux , mais c'était aussi la première fois qu'on parlait réellement, elle était peut-être juste un peu timide, pour tout ce que j'en savais. Dans tous les cas, je risquais pas de l'impressionner avec mes skills donc pour l'instant, ça semblait plutôt mort, hein. Même si sa présence risquait de rendre l'entraînement un poil plus agréable .

Elle avait l'air un peu plus assurée en revenant vers moi... Du moins jusqu'à ce qu'elle ne s'emmêle un peu les pinceaux avec le sens de sa phrase , ce qui m'arracha un rire franc cette fois.

- "Apprendre à le faire" , hein ? Je crois pas que pour ça j'ai besoin de cours. revenant vite au sujet initial pour ne pas la gêner davantage. Je me devais juste de faire cette petite pique. Imposssible de m'en empêcher. Ouais , le saut, je dois définitivement travailler dessus ...A vos ordres chef ! j'effectuai un salut millitaire en me raidissant à son  claquement de main , avant de relâcher l'attitude et de m'éloigner légèrement pour éviter de lui transpercer un oeil au passage puis me mis en musubi-dachi pour la saluer lentement avec un léger sourire.

- "Heian Godan". annonçais-je avant d'attendre son yoi pour me placer en hachiji-dachi , poings fermés devant les hanches.

Je pris une grande inspiration avant de reccomencer le kata , en essayant de me forcer à rester concentré et minutieux dans chacun de mes gestes , même si ça m'avait déjà un peu soûlé de le faire X fois aujourd'hui et que j'avais juste envie de passer à la partie problématique. Le début allait à peu près, même si la séquence avec les Juji me donnait du mal et que j'avais l'impression que mes mains ballotaient un peu partout .  J'arrivais bien assez vite à la séquence du saut et manquais de me vautrer une fois de plus , adressant un sorte de grimace à Meyuki au passage. Quelle attitude adopter maintenant ? The show must go on ou persévérer ?  Je décidais d'opter pour la deuxième solution , après tout c'était surtout pour ça que je lui avais demandé de l'aide , et à quoi bon produire une suite médiocre sans la partie vitale du kata ?

Je réésayais quelques fois , ma frustration proportionellement croissante à la non-réussite du mouvement. A chaque essai j'appréhendais un peu plus de me fouler la cheville - ce qui ne m'arrangeait pas pour le basket - ce qui m'empêchait de me lancer pleinement dans le mouvement .   Comment j'étais censé atterir en kosa dachi MAIS avec le buste droit ET sans perdre l'équilibre ? Je décidais donc d'arrêter avant d'effectuer la réception fatale.

- Voilà.Je pense que t'en a assez vu pour juger la situation.  soufflais-je Je comprends pas pourquoi j'y arrive pas.D'habitude ça me fait pas ça . ajoutais-je , comme pour me justifier.

C'était pourtant vrai. J'avais l'habitude de réussir plutôt facilement , en particulier en sport ... C'est vrai qu'à mon niveau , j'avais pas l'habitude des sauts dans les katas , me l'impression d'être le seul à galérer autant me laisser un goût amer au fond de la bouche.

"ça arrive à d'autres."

Oui , mais pas à moi , normalement. C'était bien ça le problème. Mais impossible d'émettre cette réflexion à voix haute car même moi, je me rendais compte de la présomption de mon schéma de pensée. Je me contente d'hocher la tête en silence et de me me mettre en place lorsqu'elle me le demande , réfléchissant à son rappel. C'est vrai que j'étais tellement centré sur moi-même et mes défauts que j'aurais jamais pensé à visualiser l'adversaire. Je me doutais bien que ce détail seul ne suffirait pas à tout résoudre , mais ça devrait m'aider.  Après les salutations usuelles  , je m'éxécute comme un brave petit soldat et enchâine les coups de pied et de poing de face qu'elle me demande , en décomposant.  Comme prévu , elle pare mes coups. Comme un peu moins prévu , elle referme les mains autour de mon poignet et me tire prestement vers elle. J'esquisse un sourire plaisantin et enjôleur à notre soudaine proximité , qui s'efface bien vite face au coup de poing que je me mange dans le flanc juste après. C'était donc ça le projet... Je n'ai pas le temps de me remettre qu'on reccomence l'enchaînement. Je sens que je mouline un peu moins dans le vide avec un adversaire en face - plutôt logique , en fait -  , m'en imaginer un à l'avenir se profilait de plus en plus comme une astuce viable.

- Oui je vois mieux , merci . je ricane à sa remarque sur le ballotement de mes mains. C'est une nouvelle chorée hyper hype à Tokyo , pour ta gouverne . plaisantais-je.

Pour une fois que je me faisais taquiner , autant l'accepter avec philosophie , hein ... Je hoche la tête , même si je redoute toujours le passage du saut. Peut-être qu'échanger les rôles m'aidera aussi à mieux comprendre et appréhender cette séquence. Elle me laisse planté là quelques instants à me demander ce qu'elle fabrique.  Quelques instants plus tard, elle revient avec un bâton à la main, en me laissant dans l'expectative. Je ne suis pas sûr de ce qu'elle a en tête, mais je suis prêt à relever le défi dans tous les cas.


- Les deux me vont , c'est comme tu préfères...

Elle me tend le bâton en riant et me demande d'essayer de la faucher ou de donner un coup dans les tibias, puis d'enchaîner avec un coup de pied.


J'exécute rapidement les mouvements que Meyuki me demande et elle enchaîne avec un saut, avant de bloquer mon pied avec les poings croisés, comme dans le kata. Nous répétons le mouvement une deuxième fois, et elle ajoute un petit bonus en attrapant mon pied pour me faire pivoter et me faire tomber. Je suis sur le cul au sens figuré comme au sens littéral , le derrière meurtri et impressionné  par ses compétences et sa connaissance du mouvement.

Elle m'explique comment on peut tordre le pied de l'adversaire et le projeter au sol après avoir bloqué son attaque, en se référant au mouvement suivant dans le kata. Je suis surpris de son analyse et sa capacité à appliquer les mouvements du kata.  Je me sens con maintenant , à m'être entraîné comme un abruti sans penser à rien , ni à l'adversaire hypothétique , ni au but réel derrière les mouvements que je m'étais mis à effectuer dans un par coeur médiocre de la chorégraphie.

Meyuki s'approche de moi avec un sourire et me tend la main pour m'aider à me relever.

- Tu me frotteras de la crème à la fin de l'entraînement sensei ? Tu m'as vraiment fais mal aux fesses . je lance avec un faux regard de chien battu.

Alors que je m'aggrippe à sa main pour me relever , je ne peux m'empêcher de constater à quel point sa peau est douce et... non c'est pas le moment de penser à ça. Chose rare , je m'en veux presque de mes pensées impures envers ma camarade si serviable et si ... innocente , de ce que je sais d'elle.

- Merci . " Suggère , suggère " , c'est vite dit hein , j'ai pas l'imagination aussi fertile. je souffle doucement. Ce n'était pas une crevasse , mais un véritable gouffre qui nous séparait.

Je prends ma respiration et je me relance dans l'exercice .Je me concentre sur mes appuis, sur l'équilibre de mon corps et sur le mouvement de mes bras. C'est un enchainement complexe qui demande une grande maîtrise de soi ,  de la force, de l'agilité et de la précision. Je commence par le saut, en projetant mon corps vers l'avant.  Je souris en pensant à la surprise qu'elle va avoir en voyant ma rapidité d'exécution. Mais Meyuki évite le coup de bâton et je me prépare à bloquer son pied avec mes poings croisés. Et cela deux fois. J'essaie de frapper les jambes de ma partenaire, mais elle est rapide et esquive habilement mes coups. Je suis frustré, mais je continue à essayer. Je continue de m'entraîner, en essayant d'améliorer mon mouvement et de trouver le bon angle pour frapper les tibias de ma partenaire. Meyuki me corrige lorsque je fais une erreur, me montrant comment ajuster ma position et ma prise pour obtenir un meilleur coup. Elle me montre alors comment frapper les tibias avec le bâton, et je réalise que je dois me concentrer sur le mouvement de mon poignet pour avoir plus de précision.

La troisième fois est la bonne : le mouvement est fluide, comme une danse. Je sens la tension de mes muscles, la rapidité de mes gestes. Je suis fier de moi, de mes progrès. Avec chaque nouvelle fois , je sens que j'ai gagné en confiance et en technique. Je dois avouer que c'était pas gagné au début. Mes coups manquaient de précision et j'avais toujours tendance à perdre mon équilibre. Mais je persévère , corrigeant petit à petit mes erreurs et mémorisant les mouvements. Maintenant, j'arrive enfin à faucher les jambes de Meyuki avec plus (ou moins) de justesse, suivi d'un coup de pied qui vient parfaire l'enchaînement. Je sais que je peux encore m'améliorer, que je peux perfectionner mon mouvement, mais pour l'instant, je suis heureux de mes résultats. C'est ça, l'esprit du karaté : l'entraide, le dépassement de soi, la recherche de l'excellence. Et je suis heureux d'en faire partie.

Je fais une pause pour reprendre mon souffle.  Je suis fier de mes progrès, et je le fais savoir à ma partenaire en lui lançant un regard taquin. "Attention, ne te laisse pas trop impressionner par cette prouesse rapide ", je lui dis en souriant. " Je suis encore loin de mon plein potentiel d'amélioration.

Je souris en remettant le bâton à Meyuki . Cette fois-ci, c'est à moi de jouer le rôle de l'attaqué.

D’un signe de tête, Meyuki m’indique que nous pouvons reccommencer. Pendant une dizaine de minutes, nous nous exerçons dans nos nouveaux rôles. Je réussi un peu plus vite - ou du moins, j’en ai l’impression - à saisir le truc. Meyuki finit par s’écarter, lâcher le bâton et me regarder d’un air presque dubitatif avant de me demander de lui montrer les fruits de notre petit entraînement.

- Pas de soucis , laisse faire l’artiste.

Je me dirige vers le centre du tatami et prends une grande inspiration pour mieux me concentrer .

- Si y’a du progrès, tu mérites que je t’offre un verre non ? Pour te récompenser de tes efforts … je lui envoie un petit sourire.

Est-ce que j’ai retourné la situation pour pouvoir lui proposer ça ? Oui, peut-être , mais je ne lui laisse pas le temps de s’apesantir sur mon offre et entame la routine du kata. Je me tiens debout, le regard fixé droit devant moi. Mon corps est droit, ma posture est celle d'un guerrier prêt à combattre , je me dis intérieurement , pour prendre courage et dignité. Après une réplique comme ça, je ne peux pas me foirer totalement et la décevoir. Je sens l'énergie circuler en moi, prête à être libérée à travers chaque mouvement. Mes mains se placent devant ma poitrine, les doigts tendus, prêts à se déployer dans un instant.

Je débute le kata Heian Godan avec une concentration intense. Mes pieds se séparent légèrement, puis je pivote sur le talon droit pour effectuer un pas vers la droite. Mon corps suit le mouvement, mes bras s'étendent dans un blocage énergique. Je ressens la puissance de chaque muscle qui se contracte, j’exécute chaque mouvement avec précision.

Je progresse dans le kata avec fluidité, enchaînant les techniques avec ce que j’espère être grâce et détermination. Mes jambes fléchissent légèrement alors que je me prépare à exécuter le puissant coup de poing droit. Ma main se lance vers l'avant, suivie d'une rotation du poignet qui amplifie la force de l'impact. Je me sens connecté à mon propre corps, à ma propre puissance. Une des choses qui me font tant aimer le karaté.

Les mouvements se succèdent, rythmés par ma respiration. Je saisis mon adversaire imaginaire, le repoussant avec un coup de pied puissant. Ma jambe se déploie avec agilité, atteignant sa cible avec précision. Chaque geste est calculé, chaque mouvement étudié.

Mais malgré notre petit entraînement le kata Heian Godan n'est pas sans ses défis. Il exige une coordination parfaite . La mémorisation des séquences de mouvements demande une concentration extrême. Il faut être attentif à chaque détail, à chaque nuance de chaque geste.

Mes yeux scrutent l'horizon, fixant un point imaginaire où je souhaite atterrir . Mes bras sont légèrement fléchis, prêts à se lancer dans l'air. Et puis, d'un seul mouvement fluide, je m'élance dans les airs.

Le saut commence par un puissant coup de pied vers l'avant, projetant mon corps dans une trajectoire ascendante. Je ressens la force qui se propage depuis mes jambes, traversant chaque muscle, me donnant l'impression de voler pendant une fraction de seconde. Mes bras s'étendent vers l'avant, ajoutant de l'équilibre à mon mouvement aérien.


Puis vient le moment crucial de l'atterrissage. C'est là que les difficultés se présentent. La gravité commence à reprendre son emprise sur moi, et je dois trouver l'équilibre parfait entre vitesse et contrôle. Mes jambes fléchissent légèrement, prêtes à absorber l'impact de ma chute imminente. Mes bras se déploient, et bien que légère fébrile, je réussi la réception.


Je poursuis mon avancée dans le kata, essayant de démontré ma force et ma maîtrise relative . Mes mains se déplacent rapidement dans des blocages et des attaques, mes pieds s'enracinent solidement dans le sol. Je suis immergé dans le moment présent, laissant le kata guider mes mouvements.


Alors que je termine le kata, je reviens à ma position de départ. Ce n’est évidemment toujours pas parfait mais bien mieux qu’avant. Je suis fier.

- Alors, tu me retrouves à la sortie ? je lui demande avec un petit sourire pour m’enquérir de ma performance , en me dirigeant déjà vers le vestiaire, comme s’il s’agissait d’une question rhétorique

Un sourire taquin se dessine sur mes lèvres alors que je fais face à Meyuki. Son ordre indirect ne me laisse pas indifférent, et je ne peux m'empêcher de répondre d'un ton espiègle : "T'es si impatiente que ça de me revoir ?"

Puis, je laisse un léger silence planer avant de me redresser légèrement, adoptant un air légèrement plus sérieux ( juste légèrement) à son rappel  : "Tu m'en crois pas capable ? Pour toi, je peux même être là en cinq minutes."

La réalité, bien sûr, est que j'avais mon petit côté diva et que j'appréciais une bonne douche chaude après l'entraînement, histoire de me détendre un peu et de donner à mes cheveux tout le soin qu'ils méritaient . Mais pour Meyuki, je suis prêt à faire une exception. Elle m'avait donné dix minutes, et je ne la ferais pas attendre une seconde de plus.Je m'avance vers les vestiaires dont l'intérieur est baigné d'une faible lumière, créant une atmosphère paisible. Les rangées de casiers en métal sont alignées le long des murs,  mon casier fétiche orné de son cadenas bleu que je viens déverouiller. J'y trouve mes vêtements de ville soigneusement plié, attendant d'être enfilé pour l'entraînement. Je me déshabille rapidement, déposant ma tenue de sport dans mon sac.

Une douche éclair s'impose. L'eau chaude ruisselle sur ma peau, détendant les muscles endoloris par l'entraînement intensif. Je laisse mes pensées vagabonder vers la suite des évènements, tout en m'efforçant de ne pas prolonger mon temps sous la douche. Quel bar ou café serait le plus susceptible de lui plaire ? Après m'être rincé, je m'essuie rapidement et retourne vers la salle de change pour enfiler ma tenue avec précision, vérifiant que chaque pli est en place.

Je sors du vestiaire et, tout en marchant vers le lieu de notre rendez-vous, je ne peux m'empêcher de sourire à l'idée de taquiner Meyuki avec ma ponctualité. Lorsqu'elle arrive enfin, je me tiens là, décontracté, contemplant mes ongles d'un air détaché , comme si je posais ici depuis des siècles.

"Tu vois ? Je suis Flash ." déclaré-je d'un ton nonchalant, jouant la carte de l'humour, "j'ai même failli partir sans toi au final, ça aurait été dommage, non ?"

Mon sourire laisse transparaître ma satisfaction d'être arrivé à l'heure mais surtout avant elle .

" Prête à passer la soirée de ta semaine ?" je lance , avant de me mettre en marche , avec pour destination en tête mon institution : un bar/café convivial et un peu chic situé à proximité du campus.

- On verra si tu dis toujours la même chose dans quelques heures. répliquai-je avec un petit sourire qui pouvait en dire long. Je savais pas que tu regardais GoT , t'es à jour ? J'aurais bien besoin de quelqu'un pour débriefer... Ou pour regarder avec moi ... Je voulais me refaire les dernières saisons avant la sortie de la 8.

Moi , saisir la moindre occasion de parler plus souvent ou de me rapprocher de Meyuki ? Absolument pas le genre de la maison , je ne vois pas de quoi vous parlez... Et puis , soyons honnête deux minutes , n'importe quel fan aurait besoin de soutien psychologique face aux dernières saisons qu'on avait eu l'audace de nous livrer.

- Pour ce qui est des révisions en revanche ... je fis un sourire contrit. Je doute de pouvoir t'aider avec ça , à part peut-être la biologie . C'était une de mes matières secondaires , mais il me semblait que c'était son cas aussi , en cas de besoin je n'aurais pas de mal avec les notions de 2ème année.  D'ailleurs , question bête , mais je me suis toujours demandé ... avec tes cours de psycho , tu peux analyser les gens ? Genre faire mon profil psychologique ? rigolai-je , curieux ( et un peu auto-centré , je l'avoue)

Je continue de mener la conversation alors que je la conduis vers le bar auquel je pense , prêt à passer une soirée avec elle qui sera , je le sais déjà , des plus agréables .